John Davison Rockefeller (8 juillet 1839 – 23 mai 1937 à 97 ans) est un industriel américain, fondateur de la famille Rockefeller, qui a fait fortune dans l'industrie du pétrole. Il est le frère de William Rockefeller (fondateur de la National City Bank of New York) et son père était un marchand de « médicaments-miracles » qui parcourait le pays. Il est considéré comme l'homme le plus riche de tous les temps, avec environ 200 milliards de dollars américains1.
La famille a été à la tête d'un empire durant près d'un siècle en créant la Standard Oil qui deviendra Esso (des initiales SO), puis Exxon Mobil.
En 1860, il se lança dans les affaires avec un associé. Ils créèrent une maison de courtage en grains, viandes et autres produits alimentaires. L'affaire marcha très bien et ils firent rapidement des bénéfices.
En 1863, il monte sa première raffinerie à Cleveland pour produire naphte et kérosène. Réinvestissant constamment les profits et gardant les coûts et les salaires le plus bas possible, John D. Rockfeller étendit son affaire rapidement.
En janvier 1870, Rockefeller crée la société Standard Oil of Ohio, qui devient rapidement la raffinerie la plus rentable de l'Ohio. Le but de Rockefeller était alors de pouvoir contrôler toutes les raffineries de pétrole des États-Unis.
En 1871, certains raffineurs se concertent dans le but de constituer une alliance assez grande pour qu'ils puissent convaincre les chemins de fer de leur accorder des rabais spéciaux sur leurs convois, et des suppléments sur ceux de leurs concurrents. Ils cherchèrent une société déjà existante et tombèrent sur la South Improvement Company. Les gens impliqués dans cette société ne représentaient pas 10 % du raffinage américain, mais ils se présentèrent comme majoritaires devant les chemins de fer. La Standard était le plus gros actionnaire, et menait la danse qui aboutit à un accord secret très avantageux pour Rockefeller. En effet, les chemins de fer furent obligés de céder car les moyens de transport entre les gisements et les raffineries étaient multiples (plusieurs lignes de trains et un canal) et un gros client comme la Standard pouvait dicter ses conditions, menaçant d'aller à la concurrence en cas de non coopération. Cet accord entraina une forte augmentation des frais de transport pour les autres compagnies, ce qui déclencha les protestations de concurrents tels que le principal raffineur de New York, Charles Pratt.
Quand il fut constaté qu'au moins une partie de l'avantage tarifaire de la Standard Oil provenait des rabais secrets obtenus par la South Improvement Company, Rockefeller dut y renoncer.
Dans l'intervalle, toutefois, la Standard Oil avait assez grossi pour devenir l'un des plus grands transporteurs de pétrole et de kérosène du pays.
Non découragé, Rockefeller décida de procéder par intégration horizontale en faisant pression sur les raffineries concurrentes pour les racheter. En 1872 eut lieu ce qu'on appela ensuite "la conquête de Cleveland", la Standard Oil absorba 22 de ses 26 concurrents à Cleveland en moins de deux mois. Il alla ensuite à Pittsburgh, Philadelphie, New York, possédant bientôt toutes les principales raffineries.
Fin 1872, 80% des raffineurs américains s'unissent sous la présidence de Rockefeller dans la National Refiners Association. Dès qu'ils furent au courant, les producteurs, inquiets de voir se former un oligopsone pour leur produit, s'unissent dans la Petroleum Producer's Agency et fixent un prix minimum du baril à 5 $. Rockefeller commence par accepter ces conditions tant que les producteurs limiteraient leur production afin de maintenir des prix stables. Mais moins d'un an plus tard, Rockefeller rompt le contrat sous prétexte que les producteurs ne limitent pas suffisamment leur production. De nombreux producteurs étaient lourdement endettés et devaient absolument vendre pour éviter la faillite. Un gel durable de la production était donc impossible, et la Standard Oil dicta ses conditions. Même ses anciens concurrents, Pratt & Rogers, réalisent la futilité de continuer à rivaliser avec la Standard Oil. En 1874, ils font un accord secret avec leur ancienne némésis et acceptent d'être rachetés et de devenir les partenaires de Rockefeller.
Rockefeller ne s'arrêta pas à une concentration horizontale presque parfaite du raffinage. Se rendant compte qu'en s'assurant le contrôle du processus de raffinage, il devenait maître de toute l'industrie pétrolière, il travailla ensuite à la concentration verticale de l'industrie, englobant toutes les phases de la production, de l'extraction au commerce de détail en passant par le transport, la fabrication de barils, les pipelines (en 1879, Rockefeller contrôlait la quasi-totalité des sociétés d'oil-gathering pipelines regroupées sous le nom de United Pipe Lines) puis la recherche scientifique et le marketing.
Mais un obstacle vint au travers de la route de Rockefeller : la législation des États-Unis interdisait aux hommes d'affaires d'exercer leur activité en dehors de l'État où se trouvait leur domicile. Rockefeller mit donc l'affaire en mains de juges qui résolurent le problème avec les trusts. Son nouvel associé, Rogers devient l'un des hommes clés de la formation de la « Standard Oil Trust ».
En 1882, les 37 actionnaires des différentes sociétés contrôlées par la Standard Oil confient leurs titres à neuf Trustees (hommes de confiance) : John et William Rockefeller, Oliver H. Payne, Charles Pratt, Henry Flagler, John D. Archbold, William G. Warden, Jabez Bostwick, et Benjamin Brewster. Le siège de la Standard Oil Trust fut installé au 26 Broadway à New York. La Standard Oil Trust commence par fermer 31 des 53 raffineries de la Standard Oil et concentre la production dans 3 raffineries géantes. Une cour de l'Ohio dissout le trust, mais il est reformé au New Jersey, état qui autorise les trusts.
En 1900, la Standard Oil contrôle plus de 90% du volume de pétrole raffiné aux USA.
En 1911, à la suite de la mise en application du Sherman Antitrust Act, la société fut fragmentée en une trentaine de firmes pour cause de monopole. Naissent ainsi les sociétés Exxon,Mobil, Chevron, American, Esso (soit SO pour Standard Oil).
Ce jugement est un tournant dans l'histoire économique des USA, et fonde une nouvelle doctrine dans la politique antitrust américaine appelée la règle de la raison (suite aux fameusesunreasonable restraints to trade mentionnée dans le Sherman Antitrust Act). Les besoins de bases juridiques plus solides conduisirent au passage du Clayton Antitrust Act en 1914, qui condamne explicitement des pratiques commerciales telles que la discrimination des prix, les relations commerciales exclusives, les acquisitions de concurrents ou encore les conseils d'administration incestueux.
Cependant Rockefeller resta actif dans plusieurs des rejetons survivants, ce qui lui permettra d'être sans doute l'acteur le plus puissant de son époque dans la géopolitique du pétrole.
Après le pétrole ce fut l'automobile, puis l'aviation. La fortune de Rockefeller ne cessa de se multiplier facilement avec les actions A de la Réserve Fédérale, entreprise privée faisant office de banque centrale américaine (conçue sur l'île Jekyll). Il prit sa retraite en 1896 en étant l'homme le plus riche des États-Unis et l'un des plus puissants au monde. Son fils reprit l'entreprise. Il est considéré comme l'homme le plus riche de tous les temps avec une fortune estimée en 1902 à 200 millions de dollars (le PNB américain étant à l'époque de 24 milliards de dollars), en 1914 à 900 millions de dollars, ceci valant selon le Guiness Book 200 milliards de dollars actuels1.
Il créa également avant sa mort l'Institut Rockefeller pour les recherches médicales et la Fondation Rockefeller (1913), destinée à promouvoir le progrès scientifique dans tous les pays du monde. Du vivant de Rockefeller, la Fondation soutient officiellement les Républicains et fut vivement anticommuniste3.
A lire sur ce sujet:
- Les stratégies de John D. Rockfeller à la tête de la Standard Oil Company 1863-1911
- (en) The Rockefeller Archive Center : Bibliographie autorisée de la famille Rockefeller
- (en) Bibliographie de John D. Rockefeller
- (en) The History of the Standard Oil Company, by Ida Tarbell, texte intégral, HTML
John Davison Rockefeller Junior (29 janvier 1874 - 11 mai 1960) est le cinquième enfant et le seul fils de John Davison Rockefeller. Il s'est occupé de la Brown University et a brièvement rejoint son père dans ses affaires. Durant la Grande Dépression, il a construit le complexe du Rockefeller Center, ce qui a eu pour résultat de faire de lui le plus grand propriétaire de bureaux de New York ; un complexe commercial composé de dix-neuf bâtiments qui abritera les locaux principaux des services de renseignement britanniques (le MI6) aux États-Unis durant la Seconde Guerre mondiale, et la Room 3603 qui devint le principal centre opérationnel des renseignements américains organisé par William Joseph Donovan. Il accueillit aussi le bureau de celui qui dirigerait plus tard la Central Intelligence Agency, Allen Dulles
Bien qu'étant un homme d'affaires, il est également connu pour ses œuvres philanthropiques. Il fonda avec d'autres membres de sa famille la Fondation Rockefeller et l'Université Rockefeller. Il a également fait don du terrain où est construit le siège des Nations unies.
il épousa Abby Greene Aldrich, la fille de Nelson Wilmarth Aldrich, sénateur de l'État de Rhode Island. Le couple eut 6 enfants, 1 fille et 5 fils :
- L´université Rockefeller qui se consacre notamment à la recherche médicale et scientifique.
- Colonial Williamsburg
- Riverside Church
- International House of New York
- General Education Board (qui devient ensuite l´International Education Board
- China Medical Board
- Bureau of Social Hygiene
- Industrial Relations Counselors
Il a également fait partie du Council on Foreign Relations, du conseil d´administration de l´université de Princeton. À la fin des années 1950, il accompagne le secrétaire d´État John Foster Dulles au Japon pour y conclure le traité de paix entre les deux pays.
Il est également le père de Jay Rockefeller, qui deviendra gouverneur puis sénateur de Virginie-Occidentale, actuellement vice-président de la commission des renseignements du Sénat américain.
Il fut également l’un des architectes de la conférence de Chapultepec qui avait comme but de coordonner une coopération politique continentale. En compagnie du Secrétaire d'État Edward Stettinius, Rockefeller était à la tête de la délégation américaine. Les États-Unis mettaient en garde les militaires sud-américains contre un ennemi jugé plus redoutable que les nazis, l’URSS et le communisme. Le traité de Chapultepec prévoyait donc la possibilité d’actions collectives y compris la possibilité d’utiliser la force armée contre l'agression d'une nation non-américaine ou hémisphérique et a engagé les signataires dans la négociation d’un traité inter-américain permanent de sécurité collective.
Après un aparté durant lequel il se consacra à diverses activités philanthropiques et à la présidence du MOMA, Rockefeller devint assistant aux affaires étrangères du Président Dwight Eisenhower (1954-1955) avant de se retrouver à la tête de l’Operation Coordinating Board (OCB)1, un comité du Conseil de sécurité nationale, chargé, entre autres, de superviser les opérations secrètes de la CIA. Travailler avec la CIA n’était pas quelque chose de nouveau pour lui. Après avoir rejoint le secrétaire à la Santé, à l'Éducation et au Bien-Être, il avait été sollicité pour organiser un séminaire à l’attention de la CIA sur le rôle de l’agence dans un monde économique différent.
En mars 1955, il présente en collaboration avec Rowland Hughes (Directeur du Budget) une proposition de création d’un comité de haut niveau (Planning Coordination Group) qui serait chargé d’aider à développer les planifications de le champ des opérations secrètes de la CIA2.
En 1959, il est élu gouverneur républicain de New York et sera réélu constamment à ce poste jusqu'en 1974.
En 1960, il se lance dans la course pour la candidature républicaine à l'élection présidentielle mais est battu dès les primaires par le vice-président Richard Nixon.
En 1964, il dépense à nouveau une fortune pour être investi candidat républicain à l’élection présidentielle de 1964. Donné d'abord favori aux primaires sur ses concurrents républicains, il est finalement distancé par le sénateur de l'Arizona, Barry Goldwater.
En 1968, il se présente de nouveau aux primaires républicaines et est de nouveau battu par Richard Nixon. Il effectue l'année suivante une tournée en Amérique latine pour le compte de l'administration Nixon, très contestée notamment en Argentine.
En mars 1974, le Weather Underground sabote à coup de boules puantes une réunion à l'Hôtel Hilton où Rockefeller devait obtenir un prix « humanitaire », protestant dans son communiqué contre les « lois antidrogues Rockefeller ».
A l'été 1974, le vice-président Gerald Ford qui a remplacé Spiro Agnew, contraint à la démission en cours de mandat moins d'un an auparavant, succède à Richard Nixon à la suite de la démission de celui-ci en août 1974. Ford fait appel à Rockefeller pour occuper le poste vacant de vice-président, choix ratifié par le Sénat américain. Pour la 1re fois de l'histoire des États-Unis, ni le président, ni le vice-président en exercice n'auront été élus par leurs concitoyens.
Depuis lors il a été président du Comité de Conseil Internationale des banques. Il est également impliqué dans de nombreux autres sujets, dont des organisations culturelles et éducatives. Il fonda en 1963 le Business Group for Latin America, devenu Conseil des Amériques, à la demande du président John F. Kennedy. Celui-ci visait à promouvoir le libre-échange via un forum d'échange entre grandes entreprises présentes en Amérique latine (IT&T, Anaconda Copper, etc.) afin de contre-carrer l'influence de la Révolution cubaine. A l'origine, le Business Group for Latin America comprenait des cadres dirigeants comme C. Jay Parkinson, le PDG d'Anaconda Copper, très présente au Chili; Harold S. Geneen (en), dirigeant de l'International Telephone and Telegraph Corporation (1959-1972), également présente au Chili; ou Donald M. Kendall (en), PDG de PepsiCo. Ces firmes soutinrent toutes l'intervention de Nixon et Kissinger contre Allende au Chili. Selon le journaliste Seymour Hersh, le Business Group, transformé en 1970 en Conseil des Amériques, entretenait des liens étroits dès 1964 avec la CIA. Enno Hobbing, agent de liaison de la CIA pour le Business Group selon Hersch, et qui avait participé au renversement d'Arbenz au Guatemala, a par la suite pantouflé au Conseil selon le Prix Pulitzer Seymour Hersh 1.
Aujourd'hui, le Conseil des Amériques regroupe plus de 200 entreprises, particulièrement présentes en Amérique latine. Il a effectué du lobbying en faveur de l'ALENA et du CAFTA, ainsi que pour la procédure dite du fast track qui a permis, de 1975 à 1994, puis à nouveau depuis le Trade Act de 2002 (en), au président de négocier les accords de commerce internationaux en soumettant ceux-ci au Congrès qui n'a que le pouvoir de les approuver ou de les rejeter sans pouvoir les amender.
David Rockefeller est président non-exécutif du Rockefeller Center Properties Trust and RCP Holdings. Il est président honoraire de la Société des Amériques, fondateur et président honoraire de la Commission Trilatérale (article à lire sur ce blog dans sociétés secrètes), du Council on Foreign Relations (article à lire sur ce blog dans sociétés secrètes) et de l'Université Rockefeller. Il est aussi président de The Rockefeller University Council, ainsi que président émérite du Museum of Modern Art de New York. David Rockefeller a co-fondé le Groupe de Bilderberg (article à lire sur ce blog) en 1954 à l'Hôtel Bilderberg à Osterbeek à l'invitation du Prince Bernhard des Pays-Bas. En 1957, il acheta une propriété sur l'île de Saint-Barthélemy et y construisit un havre de villégiature, ce qui fit connaitre cette île dans le monde entier.
Il est marié et père de six enfants, dont David Rockefeller (dit également David Rockefeller Jr.) qui est né le 24 juillet 19414.
Selon David Rockefeller, lui et sa famille font partie d'un ensemble d'internationalistes, œuvrant contre les intérêts des États-Unis visant à créer une structure intégrée politique et économique mondiale5. Cette affirmation est souvent citée au sujet du nouvel ordre mondial.
Memoirs, David Rockefeller, éd. Random House; 1st Trade Ed edition, October 15, 2002 (ISBN 978-0679405887), p. 405 :
"Quelques-uns croient même que nous (la famille Rockefeller) faisons partie d’une cabale secrète travaillant contre les meilleurs intérêts des É-U, caractérisant ma famille et moi en tant qu’internationalistes et conspirant avec d’autres autour de la Terre pour construire une politique globale plus intégrée ainsi qu’une structure économique – un seul monde si vous voulez. Si cela est l'accusation, je suis coupable et fier de l’être."
- (en) Some even believe we are part of a secret cabal working against the best interests of the United States, characterizing my family and me as "internationalists" and of conspiring with others around the world to build a more integrated global political and economic structure - one world, if you will. If that's the charge, I stand guilty, and I am proud of it.
Discours à la Commission Trilatérale, juin 1991, Baden Baden, dans Matrix of Power: How the World Has Been Controlled by Powerful Men Without Your Knowledge, paru en 2000 :
"Nous sommes reconnaissants au Washington Post, au New York Times, Time Magazine et d'autres grandes publications dont les directeurs ont assisté à nos réunions et respecté leurs promesses de discrétion depuis presque 40 ans. Il nous aurait été impossible de développer nos plans pour le monde si nous avions été assujettis à l'exposition publique durant toutes ces années. Mais le monde est maintenant plus sophistiqué et préparé à entrer dans un gouvernement mondial. La souveraineté supranationale d'une élite intellectuelle et de banquiers mondiaux est assurément préférable à l'autodétermination nationale pratiquée dans les siècles passés."
- (en) We are grateful to the Washington Post, the New York Times, Time magazine and other great publications whose directors have attended our meetings and respected the promises of discretion for almost forty years. It would have been impossible for us to develop our plan for the world if we had been subject to the bright lights of publicity during those years. But, the world is now more sophisticated and prepared to march towards a world-government. The supranational sovereignty of an intellectual elite and world bankers is surely preferable to the National autodetermination practiced in past centuries.
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